Odilon Redon
Prince du Rêve
Grand Palais, Galeries nationales
du 23 mars 2011 au 20 juin 2011
Odilon Redon
Prince du Rêve
Grand Palais, Galeries nationales
du 23 mars 2011 au 20 juin 2011
En 1913, le collectionneur allemand Wilhelm Uhde, premier acheteur de Picasso et découvreur du Douanier Rousseau, loue un appartement à Senlis pour écrire et se reposer de sa vie parisienne. Il prend à son service une femme de ménage, Séraphine, 48 ans. Quelque temps plus tard, il remarque chez des notables locaux une petite toile peinte sur bois. Sa stupéfaction est grande d’apprendre que l’auteur n’est autre que Séraphine. S’instaure alors une relation poignante et inattendue entre le marchand d’art d’avant-garde et la femme de ménage visionnaire.
La grâce de Sylvie Testud, la délicatesse du peintre Watteau, l’alliance du mystère et de la lumière, un film magnique de poésie…
Lucie, jeune étudiante en histoire de l’art, enquête sur les oeuvres du peintre Watteau. Elle est persuadée que certaines de ses toiles cachent un sens encore jamais révélé. Sa rencontre avec l’énigmatique Vincent, muet de naissance, va bouleverser ses recherches, et la plonger au coeur d’une intrigue commencée il y a deux siècles.
Un trône se dressait, pareil au maître-autel d’une cathédrale, sous d’innombrables voûtes jaillissant de colonnes trapues ainsi que des piliers romans, émaillées de briques polychromes, serties de mosaïques, incrustées de lapis et de sardoines, dans un palais semblable à une basilique d’une architecture tout à la fois musulmane et byzantine.
Au centre du tabernacle surmontant l’autel précédé de marches en forme de demi-vasques, le Tétrarque Hérode était assis, coiffé d’une tiare, les jambes rapprochées, les mains sur les genoux.
La figure était jaune, parcheminée, annelée de rides, décimée par l’âge; sa longue barbe flottait comme un nuage blanc sur les étoiles en pierreries qui constellaient la robe d’orfroi plaquée sur sa poitrine.
Autour de cette statue, immobile, figée dans une pose hiératique de dieu hindou, des parfums brûlaient, dégorgeant des nuées de vapeurs que trouaient, de même que des yeux phosphorés de bêtes, les feux des pierres enchâssées dans les parois du trône; puis la vapeur montait, se déroulait sous les arcades où la fumée bleue se mêlait à la poudre d’or des grands rayons de jour, tombés des dômes.
Dans l’odeur perverse des parfums, dans l’atmosphère surchauffée de cette église, Salomé, le bras gauche étendu, en un geste de commandement, le bras droit replié, tenant à la hauteur du visage un grand lotus, s’avance lentement sur les pointes, aux accords d’une guitare dont une femme accroupie pince les cordes.
La face recueillie, solennelle, presque auguste, elle commence la lubrique danse qui doit réveiller les sens assoupis du vieil Hérode; ses seins ondulent et, au frottement de ses colliers qui tourbillonnent, leurs bouts se dressent; sur la moiteur de sa peau les diamants, attachés, scintillent; ses bracelets, ses ceintures, ses bagues, crachent des étincelles; sur sa robe triomphale, couturée de perles, ramagée d’argent, lamée d’or, la cuirasse des orfèvreries dont chaque maille est une pierre, entre en combustion, croise des serpenteaux de feu, grouille sur la chair mate, sur la peau rose thé, ainsi que des insectes splendides aux élytres éblouissants, marbrés de carmin, ponctués de jaune aurore, diaprés de bleu d’acier, tigrés de vert paon.
Concentrée, les yeux fixes, semblable à une somnambule, elle ne voit ni le Tétrarque qui frémit, ni sa mère, la féroce Hérodias, qui la surveille, ni l’hermaphrodite ou l’eunuque qui se tient, le sabre au poing, en bas du trône, une terrible figure, voilée jusqu’aux joues, et dont la mamelle de châtré pend, de même qu’une gourde, sous sa tunique bariolée d’orange.
Salomé par Gustave Moreau
Pour Dominique
«On décrivait autrefois des choses que l’on pouvait voir, que l’on aimait ou aurait aimé voir. La réalité des choses visibles est maintenant rendue évidente et l’on exprime ainsi la certitude que le visible, par rapport à la totalité de l’univers, n’est qu’un exemple isolé, et qu’il existe, à l’état latent, bien davantage d’autres vérités encore. Les objets paraissent, dans un sens élargi et multiple, contredire souvent les expériences rationnelles d’hier. Il faut tendre à ce que le hasard se fasse essentiel.» Paul Klee, 1920
In Brueghel’s panorama of smoke and slaughter
Two people only are blind to the carrion army:
He, afloat in the sea of her blue satin skirts, sings in the direction
Of her bare shoulder, while she bends,
Finger a leaflet of music, over him,
Both of them deaf to the fiddle in the hands
Of the death’s-head shadowing their song.
These Flemish lovers flourish;not for long.
Yet desolation, stalled in paint, spares the little country
Foolish, delicate, in the lower right hand corner.
Dans le panorama de Brueghel, dans la fumée et le massacre
Seuls deux êtres sont aveugles à l’armée de charogne:
Lui,flottant sur la mer de ses jupes de satin bleu, chante en direction
De son épaule nue, tandis qu’elle se penche,
touchant une partition, sur lui,
Sourds tous deux au violon dans les mains
De la tête de mort qui jette une ombre sur leur chanson
Ces amants flamands s’épanouissent; pas pour longtemps.
Mais la désolation, fixée dans la peinture, épargne la petite région
Frivole, délicate dans le coin en bas à droite.
Sylvia Plath.
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